Premier film de Alexandre Aja sorti en 2000, Furia est également l'un des premiers longs-métrages avec Marion Cotillard qui tient l'affiche avec Stanislas Merhar. En 1998, le scénario du film a obtenu une récompense et Aja a été le premier lauréat du prix junior du meilleur scénario.

Synopsis
Dans un temps indéterminé, dans un lieu indéterminé, un régime totalitaire sévit et étouffe toute forme de liberté d'expression. Théo, un jeune homme d'une vingtaine d'année fait partie de ces hommes qui sortent la nuit pour dessiner sur les murs afin de montrer son idée de la liberté.
Un soir, alors qu'il dessine, il rencontre la mystérieuse Elia, une jeune femme qui, comme lui, exprime ses idées à travers des dessins.
Une histoire d'amour se noue entre eux jusqu'au jour où elle est arrêtée.
Analyse
Furia est surtout un film que j'avais vu peu de temps après sa sortie et qui m'avait laissé un bon souvenir. Cela faisait longtemps que je voulais le revoir, et maintenant c'est chose faite. Si dix ans plus tard j'ai pris sans doute un peu de recul, je trouve que le film n'a rien perdu de sa force et pour un premier long-métrage, Alexandre Aja, qui avait alors 21 ans au moment du tournage, signe un premier film engagé, adapté de la nouvelle graffiti de Julio Cortazar.
On peut clairement ressentir une certaine simplicité dans la réalisation mais le tout reste correct, et bien que le film ait été produit par Alexandre père, je doute que celui-ci ait bénéficié de gros moyen.
Mais je pense que Furia fait partie de ces films épurés, afin que l'on se concentre sur l'essentiel : le message. Bien entendu le fond du film reste cette société où règne une sévère répression. De ce côté-là on notera l'aspect simple du film également. Une milice, mais pas d'armée semblant organisée (ou de militarisme poussé) et le contexte n'est pas sans rappeler les états totalitaires d'Amérique du sud des années 70, notamment dans la façon de procéder (interrogatoires, arrestations, etc.)
Le film préfère d'ailleurs suggérer la violence plutôt que de la montrer clairement, afin d'intensifier la chose, et finalement seule une scène reste assez violente visuellement, ce qui est bien pensé car ainsi son impact en est renforcé. Furia est donc un film qui, timidement (bien qu'évoquée, pas de résistance omni-présente qui s'oppose au régime), se veut engagé et dénonce l'étouffement des libertés, jouant également sur certaines ironies du sort assez cruelles.
Le film reste également une histoire d'amour, mais une histoire d'amour en retrait, qui nous évite les clichés à l'eau de rose trop encombrants et ennuyants.

En outre, l'histoire jouit non seulement d'un bon scénario (qui peut entrainer une légère incompréhension ou deux peut-être), mais également de bons acteurs qui arrivent à se mettre dans la peau de leur personnage avec suffisamment de conviction. On peut souligner la performance de Marion Cotillard qui a certaines scènes assez complexes, et qui s'en sort très bien. Un film où il est agréable de la voir, tournée à une époque où elle n'était pas encore partout.
Il en va de même pour Stanislas Merhar, très convaincant dans son rôle de jeune idéaliste. Il s'approprie très bien le personnage de Théo.
Cependant l'un des rôles les plus saisissants et celui de Wadeck Stanczak, qui joue le frère de Théo. Son personnage est à la fois très dur, et pourtant on peut ressentir clairement l'attachement qui le lie à son frère, et malgré son statut et son rôle, il n'a pas perdu toute compassion. Un personnage plus nuancé donc, à la fois haïssable, mais également plus compliqué.
Dans les seconds rôles, on pourra également noter la participation de Carlo Brandt et de Pierre Vaneck
Si la musique du film, composée par Brian May, reste agréable, on pourra noter la redondance de certains thèmes. Cela dit, le principal reste très agréable à écouter et colle bien au film. Parfois joué à la flûte, parfois à la guitare (électrique ou non), il met bien dans l'ambiance. Le second thème fait un peu plus Alice aux pays des merveilles et souligne davantage les moments plus candides. Une BO somme toute assez simple, voire fainéante, mais qui remplie son rôle et qui suffit à illustrer les images, en plus d'avoir le mérite d'avoir un thème principal très joli. C'est tout ce qu'on demande.

Pour conclure Furia est un bon film, qui change de ce que l'on peut voir dans le cinéma français. Catalogué comme un film de science-fiction ou fantastique par certains, il s'agit davantage d'une histoire d'anticipation, aucun élément fantastique ou de SF ne s'y trouvant. Malgré les reproches qu'on pourrait lui faire, le film reste bien plus intéressant, de par son histoire, et son thème, que bon nombre de films français, d'autant plus qu'il s'agit d'une première expérience pour son réalisateur qui s'en sort plutôt bien.
Un film que j'ai revu avec plaisir, après avoir eu beaucoup de mal à le trouver, et que je conseille. Simple et sans fioritures, je trouve que Aja filme l'essentiel, et qu'on évite trop de longueurs. Un film qui même après visionnage trotte dans la tête (dans la mienne en tout cas.) Un conte moderne, à la fois beau, cruel et dramatique.
Brian May - Dream of Thee (générique)
Brian May - The Meeting
Trailer
Le mot de la fin : Pour les fans de Marion Cotillard, elle y tourne nue. Pour ceux qui ne l'aiment pas... il y a le reste :D !
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