jeudi 3 novembre 2011

The Fountain de Darren Aronofsky

Film réalisé par Darren Aronofsky sorti en 2006, The Fountain nous offre un spectacle poétique porté à l'écran par le duo Hugh Jackman et Rachel Weisz.


Synopsis

The Fountain retrace la vie d'un homme dans trois époques différentes et qui semblent pourtant étroitement liées. Ainsi que ce soit Tomas dans l'Espagne des Conquistador, Tommy un médecin dans notre présent, ou Tom, sorte d'astronaute dans un futur stellaire au 26ème siècle, chacun tente de sauver la vie de "quelqu'un" qu'il aime.
Les trois histoires racontent finalement une histoire semblable et mettent en scène les mêmes personnages, dans une évolution différente.


Analyse

Darren Aronofsky, s'éloignant de ses premiers longs-métrages nous offre un film au lyrisme inattendu, un poème à la fois tendre, brutal et désespéré dans lequel se mêlent amour, vie et mort, qui forment finalement un seul bloc uni.
Si le scénario du film en lui-même garde un aspect assez simple, l'opposition entre ces trois thèmes et la manière dont elle est traitée, lui confère une force tout à fait significative, et les trois histoires permettent de mettre en avant l'évolution de cette opposition, ainsi que la façon de voir les choses des trois personnages.

A travers ces trois époques, le personnage de Hugh Jackman doit faire face à la mort, et tente de la vaincre afin de garder auprès de lui l'être qu'il aime. Cependant, tout au long du film, et à travers le déroulement des différentes histoires, le vrai combat de son personnage est l'acceptation de la mort, sa transcendance, afin de voir ce qu'il y a derrière, après, et de pouvoir jouir de la vrai valeure de la vie (comme l'apprendra à ses dépends, Tommy, le médecin de notre époque.)
Hugh Jackman déploie donc une énergie incroyable à donner vie à ses trois personnages qui veulent combattre ce qui ne peut être combattu, et offrir un aspect immortel à ce qui ne peut l'être. L'acteur entièrement investi dans son rôle incarne ses personnages à la perfection, et plus encore, sa relation dans le film avec Rachel Weisz jouit d'un réalisme qui permet de comprendre son combat, et son refus d'accepter l'inacceptable.


Rachel Weisz quant à elle, ne joue que deux personnages sur les trois histoires. Elle est plus apaisée et plus réaliste que son partenaire, et accepte son destin, malgré la peur qui la tenaille. Elle se consacre à l'écriture d'un livre, livre dont le contenu est son histoire en quelque sorte, mais vu d'une manière différente. Le combat d'un homme pour sauver sa Reine. Bien qu'élément secondaire, ce livre qu'elle écrit permet de rapprocher les trois univers du film et de les unifier en un seul.


The Fountain reprend un mythe très ancien afin de servir son propos : celui de la fontaine de Jouvence, de la Vie et de la Jeunesse Éternelle, et il traite ceci de manière différente dans les trois histoires, chacune d'elle ayant sa propre fontaine de jouvence appropriée à la situation. Cependant si ceci représente la quête absolue des trois personnages de Hugh Jackman, elle n'est pas l'élément de finalité du film, qui reste l'amour et la vie, avec et malgré, la présence de la mort. Profiter du temps qui nous est imparti. D'ailleurs on peut rapprocher un de ces trois thèmes à chaque histoire, selon la vision que l'on a du film.

En plus de ces thèmes poétiques, Darren Aronofsky, nous offre un film au visuel magnifique, tout aussi poétique, et notamment dans l'histoire de Tom, "l'astronaute" du futur. On pourrait presque parler de poésie visuelle, tellement les images et les effets spéciaux sont sublimes. Que ce soit la forêt dense d'Amérique Centrale, le paysage enneigé de notre présent, et le décor stellaire du futur, le réalisateur a su trouver les bonnes images pour servir son film et en renforcer l'émerveillement qu'il produit.
De plus, peu d'images de synthèse furent utilisées pour réaliser les scènes stellaires. Ironie amusante de la chose, ce sont en réalité des photographies de réactions chimiques se déroulant dans un espace pas plus grand qu'un timbre poste qui permirent de créer ces images de l'infiniment grand au réalisme pourtant poussé.
Pour le reste, Aronofsky a souhaité conserver des costumes assez simples pour son film, en particulier pour la partie présentant la vision futur. Même s'il est catalogué comme tel, **The Fountain** n'est pas un film de science-fiction à proprement parler, et son essence ne réside pas là-dedans. Comme le réalisateur le dira lui-même, les effets-spéciaux servent à soutenir le film, mais son cœur est ailleurs.
Et il le montre très bien avec sa mise en scène soignée et ses personnages attachants et tourmentés.


Autre point essentiel de the Fountain : la musique. Afin de servir un film au visuel et à l'histoire tellement magnifique, il fallait une musique tout autant magnifique pour porter tout cela, et c'est une nouvelle fois Clint Mansell, collaborateur récurant du réalisateur qui écrira une musique évolutive, pour le film durant la production d'ailleurs, et non en post-production.
Ainsi celle-ci conservant un même thème de départ évolue avec le personnage principal, tantôt calme et douce, tantôt puissante et saisissante. Comme le dira Mansell, il a écrit la musique un peu comme une symphonie en trois ou quatre mouvements afin de conserver cette idée d'évolution. La musique retranscrit parfaitement l'ambiance et l'évolution des trois personnages, et colle aux scènes auxquelles elle se rapporte à un tel point qu'elle les magnifie. A noter également la participation des groupes Mogwai et Kronos Quartet dans la réalisation de la bande original du film.

Ainsi donc, en centrant son film sur la poésie des thèmes abordés, Aronofsky nous offre un grand spectacle, parfois lent, et peut-être long, mais qui reste tout simplement époustouflant dans sa photographie et son aspect visuel presque aussi essentiel que l'histoire elle-même. The Fountain est avant tout un ensemble d'éléments indissociables : la musique, l'histoire, le visuel, les acteurs eux-mêmes. Tout s'ajuste à la perfection pour faire de ce film un film à part.
Et dire qu'au départ les rôles principaux devait être tenus par Brad Pitt et Cate Blanchett. Je doute que le résultat aurait pu être aussi parfait. Surtout lorsque l'on voit ce genre de scène. Émouvant, poignant et d'un réalisme tel, qu'on se demande comment il a fait pour aller jusqu'à en oublier la présence de la caméra.
Dans une interview Jackman expliquait que durant ses tournages, sa famille l'accompagnait toujours car il ne supportait pas son absence. Pour the Fountain il fit une exception à cause du défi émotionnel que représentait ces rôles, afin de mieux se mettre dans la peau du personnage, et comme il l'avouera lui-même, cette absence renforcera sa sensibilité durant le tournage.


Pour conclure The Fountain est une œuvre à part, une poésie emprunte de lyrisme et à laquelle la quête du "héros" confère un aspect épique. Mais c'est également une histoire intimiste (très peu de personnages finalement) dont la portée métaphysique touche tous les publics. The Fountain est un film qui attire sans que l'on comprenne forcément pourquoi. Un voyage mystique à travers nos sentiments et nos craintes universelles.
A noter que parallèlement le film est sorti en BD également, afin d'élargir le public et les supports.




OST - Dead is the Road to Awe
OST - Together We Will Live Forever
Stay with Me
Xibalba

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