jeudi 3 novembre 2011

The Road

La route est un film américain réalisé par John Hillcoat et mettant en scène Vigo Mortensen dans le rôle principal.
Ce long-métrage s'inspire du roman de science-fiction éponyme écrit par Cormac MacCarthy.


Synopsis

L'homme et son fils errent dans un monde ravagé et éteint suite à un apocalypse indéterminé. L'humanité a presque disparu et les survivants tentent de survivre, certains seuls, d'autres en groupes. La barbarie et le cannibalisme ont repris le dessus, chacun voulant survivre coute que coute.
Le père et l'enfant eux sont seuls, poussant un caddie contenant leurs uniques richesses. Ils avancent vers l'ouest, vers la côte dans l'espoir d'y trouver un asile, un endroit qui serait épargné par cet "hiver nucléaire" qui prive la Terre de soleil, par cet apocalypse qui prive l'humanité d'humanité.

Sur la route, père et fils feront des rencontres inattendues, certaines plus importantes que d'autres, certaines bonnes, d'autres mauvaises.
Alors que le père essaye de transmettre des valeurs justes à son fils, le fils empêche son père de tourner le dos à ces valeurs.
Car sur la Route chacun est l'univers de l'autre.


Analyse

Film intimiste et solitaire, The Road relevait presque du challenge pour y être adapté au cinéma. En effet, le peu de personnages principaux et le manque de scénario confère à cette histoire un aspect davantage psychologique et métaphysique.
Néanmoins John Hillcoat aidé d'un bon casting a su relever le défi pour nous offrir un film presque conceptuel.

The Road suit une trame narrative très particulière. Le père raconte son histoire en arrière-plan, un récit explicatif destiné à on ne sait trop qui, son fils peut-être. La tournure est très poétique, très littéraire et permet à l'adaptation de conserver son style romanesque.
Les personnages sont peu nombreux et se comptent quasiment sur les doigts d'une main.
Outre Viggo Mortensen qui comme à l'accoutumé joue son rôle à la perfection et apporte la profondeur et l'ambivalence nécessaire à son personnage, nous pouvons saluer la performance du jeune Kodi Smit-McPhee dans le rôle du fils.
Robert Duvall, Charlize Theron dans le rôle de la mère et Guy Pearce font également une apparition presque anecdotique dans le film, avec quelques autres acteurs, chacun marquant un jalon sur la longue marche du père et de son fils.


Mais avant tout, The Road est un film qui se veut métaphorique. Aucun nom n'est donné, aucune explication n'est fournie quant à l'apocalypse dont est victime la Terre. Les personnages comme la situation ne sont que des moyens pour narrer une quête impossible. La volonté de croire en quelque chose quand l'espoir s'amenuise et tend à s'éteindre.
C'est l'histoire de l'humanité qui s'éteint et que se fissure à cause de la chute de la civilisation, du froid et du manque de nourriture. La barbarie semble être le dernier soubresaut d'un genre humain en pleine agonie.
Le père veut protéger son fils de la violence. Il lui inculque des valeurs qui se veulent justes et bonnes (comme il le dit lui-même "on est les gentils").
Bien que subjectives, ces valeurs sont une ligne de conduite (plus théorique d'ailleurs) à suivre afin de conserver son humanité.
Mais le père perd espoir, devient méfiant jusqu'à manquer d'empathie, le réalisme de leur situation étant trop cruel pour prendre des risques. Alors le fils lui oppose son innocence, lui rappelle ce qu'il lui a appris, car The Road c'est également cela, l'opposition entre expérience et innocence, entre vécu et vie future.
Durant quelques flashbacks, le film nous montre la mère de l'enfant et la femme de l'homme. Ces scènes douloureuses pour le père sont un fardeau de plus à porter sur la route qui n'en finit plus. Alors il décide qu'il faut oublier. L'enfant aussi doit oublier.

Ce film raconte également l'histoire d'un père et de son fils, l'amour qui les lie, cette relation unique mise en danger par un monde d'obscurité. L'un a besoin de l'autre pour continuer à avancer. Le père veut transmettre son vécu, la culture de l'ancien monde à son fils. Il veut préserver un semblant de vie et n'y arrive qu'épisodiquement. Il doit garder le courage nécessaire pour celui qui est tout pour lui, se montrer fort pour lui, oublier sa peine et sa souffrance, qui ressort lorsqu'il est seul.


The Road est également une œuvre métaphysique qui se questionne sur l'être humain, sur ses valeurs, son comportement face à l'inconnu, à l'avenir incertain, devoir avancer sans savoir où l'on met les pieds. C'est une métaphore de la vie.
Le père et le fils doivent marcher constamment, reprendre la route, encore, toujours. Même quand ils pensent avoir atteint leur but, ils doivent se rendre à l'évidence qu'il n'y a rien, alors il faut à nouveau avancer. C'est une histoire sans fin, un cercle vicieux qui n'est pas sans rappeler les supplices de la mythologie grecque, comme Sisyphe et son rocher ou les Danaïdes et leur tonneau percé.

Pour de nombreuses raisons, beaucoup ne pensaient pas ce film adaptable pour les salles obscures. Le pari est réussi cependant, mais néanmoins cette adaptation peut sembler trop lente et parfois trop longue pour peu que l'on ne soit pas disposé à se laisser porter par un film dans le seul objectif et de nous raconter l'histoire d'un père et d'un fils qui tentent de survivre, tout simplement.
Bien qu'abordant le même thème mais traité de manière complètement différente, The Road a beaucoup plus de profondeur que Le Livre d'Eli qui explore l'aspect plus cru d'un monde apocalyptique.


En conclusion, c'est un film que je conseille vivement. Atypique mais intéressant, The Road est une belle réalisation, simple et intime, parfois bouleversante, portée par une musique de Nick Cave douce et calme qui accompagne nos deux protagonistes sur cette route sans fin qui n'existe que pour explorer ce qu'ils ont au fond d'eux.



The Journey - OST
Memory - OST

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire