jeudi 3 novembre 2011

Shutter Island

Dernière collaboration en date entre Scorsese et DiCaprio, Shutter Island est l'adaptation du roman de Denis Lehane à qui l'on devait déjà l'œuvre original qui a donné naissance au Mystic River de Clint Eastwood, et encore une fois l'un de ses romans a donné lieu à une très belle adaptation cinématographique.


Synopsis

1954. Les U.S. Marshalls Teddy Daniels et Chuck Aule sont envoyés sur une île abritant un hôpital psychiatrique au large de Boston. Ils doivent en effet enquêter sur l'étrange disparition d'une patiente.
Rapidement les deux policiers se heurtent aux médecins de l'hôpital, dont la collaboration semble plus que moyenne. Obligés de mener leur enquête parmi une population "dérangée" et dans un climat d'enfermement, les deux hommes se lancent dans une quête bien difficile. D'autant plus que Teddy Daniels semble avoir accepté cette enquête pour des raisons plus personnelles.

Au rythme que le temps passe sur Shutter Island, la frontière entre raison et folie, rêve et réalité, réel et imaginaire se fait de plus en plus mince, et le marshall Daniels pourrait bien plonger dans son inconscient pour découvrir des aspects de lui-même qu'il ignore ou qu'il a perdu de vu.


Analyse

Et de quatre. Après les précédents succès de la collaboration entre le metteur en scène et l'acteur, on pouvait s'attendre a un très bon film, et nous ne sommes pas déçus. Shutter Island est un très bon film du genre qui nous plonge dans les méandres de la folie et de l'incertitude.
Tout d'abord le thème de la psychiatrie est très bien exploité et le contexte correctement replacé dans son époque d'origine.
Bien que je n'ai pas lu le livre, d'après les échos que j'ai pu en avoir, l'adaptation est fidèle et semble conserver le plus possible la trame narrative de départ, ce qui inclut donc qu'une bonne partie du travail a été faite par le romancier.
Néanmoins le film jouit d'une très bonne réalisation et d'un jeu d'acteur dont le niveau dépasse nos espérances.
Une fois encore Leonardo DiCaprio s'accapare un personnage complexe et tourmenté (à l'instar de Howard Hugues dans Aviator) et sa prestation semble parfaite.


Ainsi la richesse du personnage de Teddy Daniels, sa vie, ses sentiments, ses rêves, ses douleurs et ses tourments, sont présents tout au long du film, et le fil sur lequel il marche, et qui sépare le monde du réels et de l'imaginaire, montre clairement l'évolution du personnage durant le déroulement de l'histoire.
Si la qualité du jeu de DiCaprio ne subira aucune critique de ma part, il en est de même pour celle des autres acteurs, et principalement pour Ben Kinglsey d'ailleurs qui nous offre un médecin ambigu et qui embrume notre jugement.
A ce sujet le film, prenant son point de vu chez le Marshall Daniels, nous offre une vision beaucoup plus trouble des évènements.
Ceci est renforcé par le rôle de Mark Ruffalo comme on peut le voir à la fin. Sa participation est dans le ton, toute en nuance, pour ne rien gâcher de la fin du film. Il s'en tire très bien dans le rôle du collègue à la fois concerné mais plus réservé, plus difficile à cerner.


Car finalement et c'est là que le film m'a laissé perplexe, c'est que son twist, n'a rien d'original en soit. On peut s'y attendre facilement, et pourtant le travail de Scorsese est tel (cf. la discussion dans le block C.) ; DiCaprio semble tellement sincère et convaincant que les pistes sont suffisamment brouillées pour que le retournement de situation ait lieu malgré tout. Cependant, cela se fait tellement petit à petit, que l'on ne peut pas vraiment parler de twist ending. Néanmoins je m'attendais à une autre genre de fin et même si celle-ci ne m'a pas surpris plus que ça, j'ai vraiment aimé la façon dont on nous y conduit.
Le thème de la raison et de la folie, la fine frontière séparant les deux est tellement bien exploitée que cela fait vraiment la force du film, et que ce qui semblait n'être au départ qu'une simple enquête policière s'oriente vers une problématique beaucoup plus riche et complexe, et nous entraine finalement dans les frontières plus reculées de la raison, de la folie, du conscient, et de l'inconscient.

En dehors de tout cela, le film qui alterne souvenirs, rêves et réalités (le tout embrouillant davantage les pauvres spectateurs que nous sommes) nous offre de très belles scènes. J'ai en mémoire le premier rêve de Teddy Daniels, et la scène est vraiment magnifique. Inutile de gâcher le plaisir pour ceux qui n'ont pas vu le film, et j'espère que ceux qui l'ont vu me comprendront, mais la poétique de cette scène est tout simplement magnifique.
Soulignons également la bande son qui renforce tous ces nombreux aspects et qui possède des morceaux magnifiques. A noter qu’aucun compositeur en particulier n'aura été chargé de la composer.


Pour conclure, une très bonne adaptation, de très bons acteurs, une très bonne musique pour un très bon film, qui exploite très bien son sujet, sans trop en faire, avec une certaine pudeur et un réalisme prenant, jusqu'au bout, jusqu'à la dernière scène, dont la fatalité ne laisse pas indifférent. A noter que le dernier petit retournement du film, tenant dans la dernière réplique de DiCaprio rend le tout encore plus touchant et percutant.


OST - The Nature of Daylight
OST : Quartet for Piano and Strings in A Minor (1/2)
OST : Quartet for Piano and Strings in A Minor (2/2)

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